Eldorado de Laurent Gaudé
1- Description de l'ouvrage
- Titre : Eldorado est un mot d'origine espagnole (el dorado : le doré). C'est une contrée mythique supposée regorger d'or et située en Amérique du Sud selon les conquistadores du XVIème siècle. On rencontre ce mot pour la première fois dans le chapitre 5 : "le cimetière de Lampedusa" où Salavator Piracci, un des personnages principaux, après des événements marquants, vient réfléchir devant des tombes de migrants. Il y rencontre un homme qui lui donnera la définition de l'Eldorado : "L'herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. De l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières remplies de diamants a ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier et les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse". Cette définition nous fait pensé au jardin d’Éden avant le péché originel; On peut donc en déduire que l'histoire de ce roman tournera sur la recherche d'un idéal ou d'un bonheur perdu mais que celui-ci ne sera qu'une illusion car l'eldorado n'est qu'un mythe.
- Auteur : Laurent Gaudé, né le 6 juillet 1972 dans le 14ème arrondissement de Paris, est un écrivain français lauréat du Prix Goncourt en 2004 pour son roman "Le Soleil des Scorta". Après une Maîtrise de lettres à l'Université Paris III, pour laquelle il a soutenu un mémoire intitulé "Le thème du combat dans la dramaturgie contemporaine française", sous la direction de Michel Covin (1994), puis un DEA à la même université, pour lequel il a soutenu un mémoire intitulé "Le conflit dans le théâtre contemporain", sous la direction de Jean-Pierre Sarrazac (1998), Laurent Gaudé écrit pour la scène (1999).
Sa première pièce, "Combat des possédés", paraît en 1999. Elle sera jouée en Allemagne et lue au Royal National Théâtre de Londres. La seconde pièce de Laurent Gaudé, publiée en 2000, est "Onyos le Furieux". Il s'agit d'un monologue épique, écrit en seulement 10 jours au printemps 1996. Laurent Gaudé a aussi écrit d'autres pièces de théâtre dont "Cendres sur les mains", "Médée Kali", ou encore "Le Tigre bleu de l'Euphrate".
En 2002, "La Mort du roi Tsongor", son deuxième roman, lui vaut d'être cité pour le Prix Goncourt et surtout d'être récompensé par le Prix Goncourt des lycéens et le Prix libraires. Deux ans plus tard, il remporte le Prix Goncourt avec son roman "Le Soleil des Scorta" qui sera également un succès de librairie (80 000 exemplaires vendus entre la parution du roman et l'attribution du Prix Goncourt en 2004)
"Eldorado" est un roman parut en 2006. Dans ce roman, Laurent Gaudé s'est inspiré d'un problème d'actualité : l'immigration.
- Composition/architecture : Ce roman fait 219 pages, découpé en 13 chapitres de 16 pages environ. Les chapitres sont eux-mêmes découpés en mini parties. Chaque chapitre concerne l'un des personnages principaux permettant ainsi au lecteur de suivre les 2 histoires en même temps.
-Étude du/des genre(s) et des registres mis en œuvre : Le registre réaliste est le registre dominant de ce roman. On y trouve aussi le registre tragique, ainsi qu'épique.
-L'art du récit : Pour le commandant Piracci, la focalisation dominante est externe. Et en ce qui concerne Souleiman, la focalisation dominante est interne. Il y a beaucoup de descriptions sur les odeurs : "A Catane, en ce jour, le pavé des ruelles du quartier du Duomo, sentait la poiscaille.", les couleurs, "la masse puissante" de la mer. On a aussi des dialogues tous le long de l'histoire entre les différents personnages ce qui permet de les rendre plus vivants; On remarque la présence de nombreuses figures de style comme la personnification et la métaphore de la mer.
2 – Résumé de l’histoire :
Situation initiale : Le commandant Salvatore Piracci déambule dans les ruelles de Catane. Dans un même temps, deux frères, au Soudan, s'apprêtent à entreprendre un long voyage périlleux qui les mènera à leurs rêves, l'Eldorado européen.
Élément perturbateur : Le commandant fait une surprenante rencontre qui changera sa vie. Cette rencontre est celle de la "femme du Vittoria 2004", un bateau qu'il avait intercepté au large des côtes italiennes quelques années auparavant. Chez les deux frères, Jamal, l'aîné ne pourra pas être du voyage car il est très malade (sida).
Péripéties : L'étrange "femme du Vittoria 2004" raconte au commandant sa longue épopée : de son départ de Libye à son arrivé sur les côtes Catane et finit par lui demander une arme pour en finir avec l'homme responsable de la mort de son enfant, Hussein Marouk... Il se résigna à lui donner et elle partit...Vient ensuite, un autre bateau à intercepter. A l'intérieur se trouvait des migrants en quêtes de l'Eldorado européen.
De son côté, Soleiman continue sa route sans son frère. Revenons au commandant Piracci qui se trouve face à un dilemme : accéder à la requête d'un des émigrés c'est à dire le laisser partir ou suivre la procédure, l'envoyer avec les autres au centre de détention provisoire. Il refusa et le laissa partir avec les autres émigrés.
Pendant ce temps, après s'être fait battre et voler tous ses biens à l'exception du collier en perles de son frère, Soleiman rencontre Boubakar, le boiteux et c'est avec ce nouveau compagnon qu'il poursuivra son voyage vers l'Eldorado européen.
Le commandant décide de partir loin de Catane et de ses problèmes. Le commandant Piracci, Boubakar et Souleiman se croiseront à Ghardaïa. Arrivé en Libye, Piracci fit la connaissance de la "reine d'Al-Zuwarah", une femme avide de pouvoir, à la tête du pus grand réseau de passeur de la région. C'est alors que décide de ce mettre à la recherche de son Eldorado.
Parallèlement, les deux compagnons se rapprochent de l'Europe. De son côté, le commandant apprend l'existence de Massambalo, le "Dieu des émigrés" par le biais d'un conteur sur la place.
Situation finale : Le commandant continue son voyage. Quant à eux, Boubakar et Souleiman atteignent enfin leur objectif : après leur tumultueux périple, ils sont en Europe, et comptent bien réaliser leurs rêves. Le commandant mourut, seul, face à son destin en Afrique après avoir trouvé son Eldorado : donner l'espoir aux émigrés.
On remarque que les personnages échangent leurs statuts à la fin du récit. En effet on peut voir que Piracci qui était au début un homme ordinaire vivant confortablement d'un métier qu'il appréciait (la frégate de son bateau était comme sa seconde famille) meurt seul, comme un chien écrasé, par une voiture. Tandis que Soleiman et Boubakar arrivent a réaliser le but de leur voyage et être considérés comme des êtres humains.
3 – Le cadre spatio-temporel :
Ce roman s’étend sur plusieurs mois. L'action d'Eldorado se déroule dans des lieux réels entre le Moyen-Orient, l'Italie et l'Afrique et entre terre et mer.
4 – Les personnages :
Le commandant Salvator Piracci : garde-côte de 40 ans, navigant depuis vingt ans aux larges des côtes italiennes, divorcé de sa femme depuis 4 ans, il n'a pas d'enfant. On suppose que ses parents sont décédés. C'est un homme solitaire, contrôlant ses émotions. Au fur et à mesure de l'histoire, sa foi en sa mission sera ébranlée, cela donnera un sens nouveau à son existence. Il est ami avec Angelo.
La "femme du Vottria 2004" : émigrée turque, venu en Italie pour trouver son Eldorado. Son fils a perdu la vie dans le bateau qui les a fait venir. Elle veut se venger à tout prix de l'homme responsable de son malheur. C'est une femme très belle et courageuse, dégageant une certaine noblesse.
Souleiman : jeune homme plein d'ambition, qui rêve de quitter sa misère et d'aller en Europe, là où selon lui, la vie est plus facile. Après le départ de son frère, il décide de continuer le voyage vers l'Europe pour soigner son frère.
Boubakar : errant depuis sept ans, en quête de son Eldorado. Il va devenir le compagnon de Souleiman, ensemble ils réussiront à conquérir leur Eldorado. C'est un homme petit et maigre de 35 ans environ. Il boite de la jambe gauche.
Angelo : Vieil homme, ancien constructeur de route, il vend désormais des journaux. C'est le meilleur ami du commandant Piracci, il sera toujours à l'écoute de ce dernier.
Jamal : frère de Souleiman, il ne pourra pas participer à l'"aventure" car il est malade.
La reine d'Al-Zuwarah : femme avide de pouvoir, riche passeuse de la région.
Clandestin inconnu : clandestin, masculin et anonyme d'une trentaine d'années.
5- Thèmes importants, thèse(s) ou valeurs défendues/dénoncées, idées développées, problèmes soulevés, intérêt de l'ouvrage, visée(s) de l'auteur.
Dans ce roman, Laurent Gaudé aborde l'immigration clandestine comme thème principal et des sous-thèmes, tels que le femme qui veut venger son enfant, la séparation des frères, le sacrifice de l'un deux, l'homme qui cherche à se racheter.
7 - Constitution d'un "florilège" :
"A Catane, en ce jour, le pavé des ruelles du quartier de Duomo sentait la poiscaille."
"Ils ont volé les miséreux que nous sommes. Même les plus pauvres ont encore quelque chose à donner au charognards."
« - Pourquoi lui ai-je donné mon arme ?
- Parce qu'elle le voulait, répondit simplement le vieux buraliste. Et comme Salvatore Piracci restait interdit, il ajouta : elle le voulait. De tout son être. Combien de fois dans ta vie, Salvatore, as-tu vraiment demandé quelque chose à quelqu'un ? Nous n'osons plus. Nous espérons. Nous rêvons que ceux qui nous entourent devinent nos désirs, que ce ne soit même pas la peine de les exprimer. Nous nous taisons. Par pudeur. Par crainte. Par habitude. Ou nous demandons mille choses que nous ne voulons pas mais qu'il nous faut, de façon urgente et vaine, pour remplir je ne sais quel vide. Combien de fois as-tu vraiment demandé à quelqu'un ce que tu voulais ?
- Je ne suis pas sûr de l'avoir jamais fait, répondit Salvatore Piracci en souriant.
- Et si tu l'avais fait, continua Angelo, crois-tu vraiment que l'on aurait pu te dire non ? »
« - L'herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. De l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier et les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse. L'Eldorado, commandant. Ils l'avaient au fond des yeux. Ils l'ont voulu jusqu'à ce que l'embarcation se retourne. En cela, ils ont été plus riches que vous et moi. Nous avons le fond de l’œil sec, nous autres. Et nos vies sont lentes. »
« Le camion roule. Je sens une force sourde qui monte en moi. Jusqu'à présent je n'avais fait que suivre mon frère, maintenant je pars pour le sauver. Je ne dormirai plus la nuit. Je me nourrirai de ver. Je serai dur à la tâche et infatigable comme une machine. On pourra m'appeler 'esclave', je n'en aurai cure. La fatigue pourra me ronger les traits, je n'en aurai cure.J'ai hâte.
Le camion roule. Nous laissons les faubourgs d'Al-Zuwarah derrière nous pour aller trouver le navire qui nous emmènera en Europe. Dès demain,j'y serai. Dès demain, alors,j'enverrai de l'argent à Jamal. Je me concentre sur cette idée. Je suis une boule dure de volonté et rien ne me fera dévier de ma route. La promiscuité des autres corps ne me gêne pas. Les visages des autres hommes ne me font plus peur. Je n'ai qu'une hâte : que le bateau quitte l'Afrique et que mes mains se mettent à travailler ».
1- Description de l'ouvrage
- Titre : Eldorado est un mot d'origine espagnole (el dorado : le doré). C'est une contrée mythique supposée regorger d'or et située en Amérique du Sud selon les conquistadores du XVIème siècle. On rencontre ce mot pour la première fois dans le chapitre 5 : "le cimetière de Lampedusa" où Salavator Piracci, un des personnages principaux, après des événements marquants, vient réfléchir devant des tombes de migrants. Il y rencontre un homme qui lui donnera la définition de l'Eldorado : "L'herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. De l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières remplies de diamants a ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier et les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse". Cette définition nous fait pensé au jardin d’Éden avant le péché originel; On peut donc en déduire que l'histoire de ce roman tournera sur la recherche d'un idéal ou d'un bonheur perdu mais que celui-ci ne sera qu'une illusion car l'eldorado n'est qu'un mythe.
- Auteur : Laurent Gaudé, né le 6 juillet 1972 dans le 14ème arrondissement de Paris, est un écrivain français lauréat du Prix Goncourt en 2004 pour son roman "Le Soleil des Scorta". Après une Maîtrise de lettres à l'Université Paris III, pour laquelle il a soutenu un mémoire intitulé "Le thème du combat dans la dramaturgie contemporaine française", sous la direction de Michel Covin (1994), puis un DEA à la même université, pour lequel il a soutenu un mémoire intitulé "Le conflit dans le théâtre contemporain", sous la direction de Jean-Pierre Sarrazac (1998), Laurent Gaudé écrit pour la scène (1999).
Sa première pièce, "Combat des possédés", paraît en 1999. Elle sera jouée en Allemagne et lue au Royal National Théâtre de Londres. La seconde pièce de Laurent Gaudé, publiée en 2000, est "Onyos le Furieux". Il s'agit d'un monologue épique, écrit en seulement 10 jours au printemps 1996. Laurent Gaudé a aussi écrit d'autres pièces de théâtre dont "Cendres sur les mains", "Médée Kali", ou encore "Le Tigre bleu de l'Euphrate".
En 2002, "La Mort du roi Tsongor", son deuxième roman, lui vaut d'être cité pour le Prix Goncourt et surtout d'être récompensé par le Prix Goncourt des lycéens et le Prix libraires. Deux ans plus tard, il remporte le Prix Goncourt avec son roman "Le Soleil des Scorta" qui sera également un succès de librairie (80 000 exemplaires vendus entre la parution du roman et l'attribution du Prix Goncourt en 2004)
"Eldorado" est un roman parut en 2006. Dans ce roman, Laurent Gaudé s'est inspiré d'un problème d'actualité : l'immigration.
- Composition/architecture : Ce roman fait 219 pages, découpé en 13 chapitres de 16 pages environ. Les chapitres sont eux-mêmes découpés en mini parties. Chaque chapitre concerne l'un des personnages principaux permettant ainsi au lecteur de suivre les 2 histoires en même temps.
-Étude du/des genre(s) et des registres mis en œuvre : Le registre réaliste est le registre dominant de ce roman. On y trouve aussi le registre tragique, ainsi qu'épique.
-L'art du récit : Pour le commandant Piracci, la focalisation dominante est externe. Et en ce qui concerne Souleiman, la focalisation dominante est interne. Il y a beaucoup de descriptions sur les odeurs : "A Catane, en ce jour, le pavé des ruelles du quartier du Duomo, sentait la poiscaille.", les couleurs, "la masse puissante" de la mer. On a aussi des dialogues tous le long de l'histoire entre les différents personnages ce qui permet de les rendre plus vivants; On remarque la présence de nombreuses figures de style comme la personnification et la métaphore de la mer.
2 – Résumé de l’histoire :
Situation initiale : Le commandant Salvatore Piracci déambule dans les ruelles de Catane. Dans un même temps, deux frères, au Soudan, s'apprêtent à entreprendre un long voyage périlleux qui les mènera à leurs rêves, l'Eldorado européen.
Élément perturbateur : Le commandant fait une surprenante rencontre qui changera sa vie. Cette rencontre est celle de la "femme du Vittoria 2004", un bateau qu'il avait intercepté au large des côtes italiennes quelques années auparavant. Chez les deux frères, Jamal, l'aîné ne pourra pas être du voyage car il est très malade (sida).
Péripéties : L'étrange "femme du Vittoria 2004" raconte au commandant sa longue épopée : de son départ de Libye à son arrivé sur les côtes Catane et finit par lui demander une arme pour en finir avec l'homme responsable de la mort de son enfant, Hussein Marouk... Il se résigna à lui donner et elle partit...Vient ensuite, un autre bateau à intercepter. A l'intérieur se trouvait des migrants en quêtes de l'Eldorado européen.
De son côté, Soleiman continue sa route sans son frère. Revenons au commandant Piracci qui se trouve face à un dilemme : accéder à la requête d'un des émigrés c'est à dire le laisser partir ou suivre la procédure, l'envoyer avec les autres au centre de détention provisoire. Il refusa et le laissa partir avec les autres émigrés.
Pendant ce temps, après s'être fait battre et voler tous ses biens à l'exception du collier en perles de son frère, Soleiman rencontre Boubakar, le boiteux et c'est avec ce nouveau compagnon qu'il poursuivra son voyage vers l'Eldorado européen.
Le commandant décide de partir loin de Catane et de ses problèmes. Le commandant Piracci, Boubakar et Souleiman se croiseront à Ghardaïa. Arrivé en Libye, Piracci fit la connaissance de la "reine d'Al-Zuwarah", une femme avide de pouvoir, à la tête du pus grand réseau de passeur de la région. C'est alors que décide de ce mettre à la recherche de son Eldorado.
Parallèlement, les deux compagnons se rapprochent de l'Europe. De son côté, le commandant apprend l'existence de Massambalo, le "Dieu des émigrés" par le biais d'un conteur sur la place.
Situation finale : Le commandant continue son voyage. Quant à eux, Boubakar et Souleiman atteignent enfin leur objectif : après leur tumultueux périple, ils sont en Europe, et comptent bien réaliser leurs rêves. Le commandant mourut, seul, face à son destin en Afrique après avoir trouvé son Eldorado : donner l'espoir aux émigrés.
On remarque que les personnages échangent leurs statuts à la fin du récit. En effet on peut voir que Piracci qui était au début un homme ordinaire vivant confortablement d'un métier qu'il appréciait (la frégate de son bateau était comme sa seconde famille) meurt seul, comme un chien écrasé, par une voiture. Tandis que Soleiman et Boubakar arrivent a réaliser le but de leur voyage et être considérés comme des êtres humains.
3 – Le cadre spatio-temporel :
Ce roman s’étend sur plusieurs mois. L'action d'Eldorado se déroule dans des lieux réels entre le Moyen-Orient, l'Italie et l'Afrique et entre terre et mer.
4 – Les personnages :
Le commandant Salvator Piracci : garde-côte de 40 ans, navigant depuis vingt ans aux larges des côtes italiennes, divorcé de sa femme depuis 4 ans, il n'a pas d'enfant. On suppose que ses parents sont décédés. C'est un homme solitaire, contrôlant ses émotions. Au fur et à mesure de l'histoire, sa foi en sa mission sera ébranlée, cela donnera un sens nouveau à son existence. Il est ami avec Angelo.
La "femme du Vottria 2004" : émigrée turque, venu en Italie pour trouver son Eldorado. Son fils a perdu la vie dans le bateau qui les a fait venir. Elle veut se venger à tout prix de l'homme responsable de son malheur. C'est une femme très belle et courageuse, dégageant une certaine noblesse.
Souleiman : jeune homme plein d'ambition, qui rêve de quitter sa misère et d'aller en Europe, là où selon lui, la vie est plus facile. Après le départ de son frère, il décide de continuer le voyage vers l'Europe pour soigner son frère.
Boubakar : errant depuis sept ans, en quête de son Eldorado. Il va devenir le compagnon de Souleiman, ensemble ils réussiront à conquérir leur Eldorado. C'est un homme petit et maigre de 35 ans environ. Il boite de la jambe gauche.
Angelo : Vieil homme, ancien constructeur de route, il vend désormais des journaux. C'est le meilleur ami du commandant Piracci, il sera toujours à l'écoute de ce dernier.
Jamal : frère de Souleiman, il ne pourra pas participer à l'"aventure" car il est malade.
La reine d'Al-Zuwarah : femme avide de pouvoir, riche passeuse de la région.
Clandestin inconnu : clandestin, masculin et anonyme d'une trentaine d'années.
5- Thèmes importants, thèse(s) ou valeurs défendues/dénoncées, idées développées, problèmes soulevés, intérêt de l'ouvrage, visée(s) de l'auteur.
Dans ce roman, Laurent Gaudé aborde l'immigration clandestine comme thème principal et des sous-thèmes, tels que le femme qui veut venger son enfant, la séparation des frères, le sacrifice de l'un deux, l'homme qui cherche à se racheter.
7 - Constitution d'un "florilège" :
"A Catane, en ce jour, le pavé des ruelles du quartier de Duomo sentait la poiscaille."
"Ils ont volé les miséreux que nous sommes. Même les plus pauvres ont encore quelque chose à donner au charognards."
« - Pourquoi lui ai-je donné mon arme ?
- Parce qu'elle le voulait, répondit simplement le vieux buraliste. Et comme Salvatore Piracci restait interdit, il ajouta : elle le voulait. De tout son être. Combien de fois dans ta vie, Salvatore, as-tu vraiment demandé quelque chose à quelqu'un ? Nous n'osons plus. Nous espérons. Nous rêvons que ceux qui nous entourent devinent nos désirs, que ce ne soit même pas la peine de les exprimer. Nous nous taisons. Par pudeur. Par crainte. Par habitude. Ou nous demandons mille choses que nous ne voulons pas mais qu'il nous faut, de façon urgente et vaine, pour remplir je ne sais quel vide. Combien de fois as-tu vraiment demandé à quelqu'un ce que tu voulais ?
- Je ne suis pas sûr de l'avoir jamais fait, répondit Salvatore Piracci en souriant.
- Et si tu l'avais fait, continua Angelo, crois-tu vraiment que l'on aurait pu te dire non ? »
« - L'herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. De l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier et les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse. L'Eldorado, commandant. Ils l'avaient au fond des yeux. Ils l'ont voulu jusqu'à ce que l'embarcation se retourne. En cela, ils ont été plus riches que vous et moi. Nous avons le fond de l’œil sec, nous autres. Et nos vies sont lentes. »
« Le camion roule. Je sens une force sourde qui monte en moi. Jusqu'à présent je n'avais fait que suivre mon frère, maintenant je pars pour le sauver. Je ne dormirai plus la nuit. Je me nourrirai de ver. Je serai dur à la tâche et infatigable comme une machine. On pourra m'appeler 'esclave', je n'en aurai cure. La fatigue pourra me ronger les traits, je n'en aurai cure.J'ai hâte.
Le camion roule. Nous laissons les faubourgs d'Al-Zuwarah derrière nous pour aller trouver le navire qui nous emmènera en Europe. Dès demain,j'y serai. Dès demain, alors,j'enverrai de l'argent à Jamal. Je me concentre sur cette idée. Je suis une boule dure de volonté et rien ne me fera dévier de ma route. La promiscuité des autres corps ne me gêne pas. Les visages des autres hommes ne me font plus peur. Je n'ai qu'une hâte : que le bateau quitte l'Afrique et que mes mains se mettent à travailler ».